Cela faisait longtemps que le taux de chômage n’avait pas été aussi bas en France. Ce phénomène semble s’installer, ce qui a pour conséquence le renforcement de la pénurie de main-d’œuvre technique qualifiée.
Pas assez d’ingénieurs formés
Chaque année, 40 000 nouveaux ingénieurs sont diplômés en France. Un volume loin d’être suffisant pour répondre aux besoins de transformation de l’économie et la société.
Actuellement, les entreprises d’ingénierie recrutent un peu plus de 80 000 collaborateurs par an et sur tout le territoire. Si ce chiffre peut paraître important, il est insuffisant : les entreprises souffrent d’un sous-effectif structurel de l’ordre de 2 à 4 %. L’économie française a besoin de 50 000 à 60 000 nouveaux ingénieurs diplômés par an.
Une des solutions serait de former davantage d’ingénieurs.
Plusieurs évaluations nationales (Cedre, JDC) et enquêtes internationales (Pisa, Timss) pointent un décrochage des élèves en mathématiques dès le primaire, décrochage qui se confirme au collège. Cette situation est d’autant plus inquiétante qu’elle est socialement très discriminante, le décrochage étant plus marqué chez les élèves issus de milieux défavorisés.
Ce phénomène contribue à leur sous-représentation dans les formations scientifiques et dans les écoles d’ingénieurs au profit des enfants de cadres supérieurs, d’enseignants ou de professions libérales.
Favoriser une ouverture sociale des filières techniques longues serait donc un axe sur lequel les entreprises, au côté des écoles, pourraient contribuer à travailler, afin d’augmenter le nombre de diplômés. Ainsi, les Ambassadeurs de l’Ingénierie, une initiative du Syntec pour envoyer de jeunes actifs parler de leur métier dans les collèges et lycées, pourraient cibler en priorité les établissements de quartiers populaires.
On ne peut occulter également la préférence des entreprises pour des salariés disposant d’une première expérience, préférence qui relègue les jeunes diplômés en formation initiale derrière ceux qui ont obtenu leur diplôme en alternance et qui connaissent déjà le monde de l’entreprise et ses codes, c’est-à-dire ceux qui possèdent la pratique en plus de la théorie. Des formations complémentaires pourraient être montées, en lien avec les OPCO, pour mettre les jeunes diplômés en situation et parfaire leur formation académique par une formation pratique appliquée.
A ce problème de manque de diversité sociale s’ajoute une sous-représentation des femmes en filière ingénieure.
Les entreprises d’ingénierie enregistrent de fait un faible taux de féminisation, avec 31 % de femmes dans leurs effectifs, mais 26 % seulement sur le cœur de métier de l’ingénierie et 11 % dans les postes de direction.
Sensibiliser les jeunes filles dès le collège au fait que les carrières scientifiques ne leur sont pas fermées pourrait faire partie des solutions à développer : là encore, les Ambassadeurs de l’Ingénierie porteraient la contribution des entreprises.
En attendant, les employeurs sont de plus en plus nombreux à miser sur les compétences transversales, plébiscitant des candidats capables de faire plusieurs métiers au cours de leur carrière. Recruter des profils atypiques, notamment des profils techniques qui ne soient pas diplômés d’écoles d’ingénieurs fait également partie de la solution : les entreprises doivent accepter d’ouvrir leurs critères de recrutement, ce qui est certes plus aisé pour des PME / ETI agiles que pour des grands groupes avec des échelles salariales figées selon le diplôme et l’ancienneté.
Favoriser et encourager l’élargissement du recrutement dans les filières techniques
En conclusion, les réponses à cette pénurie ne sont pas miraculeuses ; il s’agit de bon sens et de se donner collectivement les moyens d’agir :
- l’investissement dans la formation des salariés et des demandeurs d’emploi : gouvernements, établissements d’enseignement supérieur et entreprises sont appelés à miser sur la formation pour parvenir à combler le fossé qui se creuse entre le système scolaire et le marché de l’emploi ;
- favoriser l’accès aux longues études techniques au plus grand nombre, quel que soit le genre ou le milieu social de l’étudiant ;
- communiquer le plus tôt possible sur les possibilités de carrières, trop de jeunes ne savent que tardivement quelle voie choisir, susciter les vocations ;
- accepter de recruter des candidats aux parcours plus atypiques.
Découvrez comment Ametra contribue : à travers son investissement dans les Ambassadeurs de l’Ingénierie, l’égalité des chances, la féminisation et la parole donnée aux femmes, ou encore l’embauche et la promotion de profils atypiques.