Lors du Salon du Bourget 2025, Ametra a accueilli sur son stand une émission spéciale Smart Industries consacrée à un enjeu crucial pour l’ensemble de la filière aéronautique et spatiale : la montée en cadence industrielle.
Avec des carnets de commandes records (Airbus affiche un carnet global d’environ 10 000 avions), la question n’est plus seulement de produire, mais de produire mieux, plus vite et de manière durable.
Comment relever ce défi dans un contexte de tensions sur les matières premières, de remboursement des PGE contractés pendant la crise sanitaire et de pénurie de compétences ?
Pour en débattre, trois intervenants ont croisé leurs regards :
- Clémentine Gallet, CEO de Coriolis Composites et Présidente du comité AERO-PME du GIFAS ;
- Vincent Charlet, délégué général de la Fabrique de l’Industrie ;
- et Anne-Charlotte Fredenucci, Présidente du Groupe AMETRA.
Une filière sous tension mais mobilisée
Dès l’ouverture du débat, Clémentine Gallet a rappelé l’ampleur de la tâche :
« Airbus a pratiquement 10 000 avions en commande. (…) Nous sommes tous dans la marche forcée pour livrer plus vite et faire cette montée en cadence assez rapidement»
Cette exigence s’inscrit dans une reprise rapide après la crise, marquée par la perte de compétences et la contraction des capacités industrielles. La filière doit désormais composer avec un triple défi : reconstituer les savoir-faire, absorber la demande et sécuriser les financements.
Vincent Charlet a souligné cette conjonction de contraintes :
« L’aéronautique a ce trait particulier que c’est un secteur éminemment dual. (…) Les besoins croissants du côté de la défense se sont exprimés fortement ces trois dernières années»
Conjuguer ramp-up et excellence : l’exemple du groupe AMETRA
Anne-Charlotte Fredenucci a partagé l’expérience d’Ametra, emblématique des défis vécus par de nombreux industriels de rang 1 et 2 :
“En sortie de Covid, on nous demande d’être encore meilleurs, encore plus à l’heure, encore plus en qualité. (…) Nous avons mené un programme de transformation que nous avons appelé NEO – Nouvelle Efficacité Opérationnelle. Cela se traduit par du management visuel dans nos usines, par plus de ponctualité et plus de qualité chez nos clients”
Ametra a également investi dans la cybersécurité, avec une certification bronze, et renforcé la sécurité de ses sites et de ses réseaux informatiques. Autant de prérequis pour rester un acteur fiable dans un environnement où les exigences montent à chaque niveau.
L’intelligence artificielle comme levier
Au Bourget 2025, un autre mot-clé a émergé : IA. L’intelligence artificielle n’est plus une perspective lointaine, mais un outil qui transforme déjà les métiers de l’ingénierie.
“Nous avons fait un partenariat avec l’école d’ingénieurs ECE et son Lab IA, car nous devons former nos ingénieurs aux impacts de l’IA sur nos métiers de bureau d’études” (Anne-Charlotte Fredenucci)
L’objectif de ce partenariat est d’aider les ingénieurs à comprendre concrètement comment l’IA transforme les attentes des clients et les méthodes d’ingénierie, depuis la conception jusqu’à la validation des systèmes.
En parallèle, Ametra a créé son laboratoire interne de recherche, Ametra Research, qui réunit des docteurs travaillant sur des sujets d’avenir tels que les métamatériaux. Ces travaux ouvrent la voie à de nouvelles applications dans la conception et la performance des systèmes embarqués.
Les usages de l’IA s’étendent également à des applications concrètes au sein des équipes d’Ametra : extraction automatisée de données techniques, contrôle dimensionnel assisté par vision, ou encore aide à la conception électronique.
Pour Ametra, l’IA est à la fois un vecteur de performance et un atout d’attractivité pour les nouvelles générations d’ingénieurs.
Emploi et compétences : la clé du ramp-up
L’autre grande partie du débat a porté sur l’emploi et l’attractivité des métiers. Didier Katzenmayer, président de l’UIMM Occitanie, a rappelé l’ampleur des besoins :
“Nous avons besoin de talents sur tout le spectre : des cols bleus formés du CAP au Bachelor, jusqu’aux ingénieurs et docteurs. (…) L’Occitanie est la première région aéronautique de France, et les besoins en compétences y sont considérables”
Chez Ametra, cela se traduit par des actions concrètes :
- des parcours de formation internes pour les câbleurs aéronautiques, en partenariat avec France Travail,
- la création d’écoles internes dans les usines pour transmettre les savoir-faire,
- et un accent fort sur la féminisation des métiers techniques.
“Il ne suffit pas d’avoir une femme Présidente », a souligné Anne-Charlotte Fredenucci. « J’invite les jeunes filles et jeunes femmes à venir découvrir nos métiers : l’aéronautique est une industrie qui fait rêver”
Une filière organisée et résiliente
Au-delà des enjeux propres à chaque entreprise, le débat a mis en avant un atout collectif : la capacité d’organisation de la filière aéronautique française.
“La filière aéronautique est organisée de manière exemplaire », observe Vincent Charlet. “Malgré les différences d’intérêts entre clients et fournisseurs, un souci partagé dépasse chacun des acteurs : penser le devenir de la filière dans son ensemble”
Clubs d’entreprises, syndicats professionnels, programmes de montée en performance tels qu’Aero Excellence : cette structuration renforce la compétitivité et la résilience du secteur, en mutualisant les efforts face aux crises successives.
À travers le GIFAS, la filière française s’inscrit par ailleurs dans une dynamique européenne plus large, visant à renforcer la souveraineté industrielle et la compétitivité export de l’aéronautique.
Conclusion : un défi collectif et technologique
L’émission Smart Industries au Bourget 2025 l’a clairement montré : la montée en cadence n’est pas seulement une contrainte, c’est aussi une opportunité de transformation.
Elle appelle à conjuguer :
- l’excellence opérationnelle (qualité, ponctualité, sécurité) ;
- l’innovation technologique (IA, digitalisation, nouvelles architectures) ;
- et la mobilisation des talents (formation, féminisation, attractivité des parcours)
Pour Ametra, ce triple défi est une chance : celle de réaffirmer son rôle d’intégrateur et de partenaire industriel au cœur d’une filière qui innove et se transforme, et vers une industrie aéronautique compétitive, durable et humaine.
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(c) image principale : Jetstar Airways (jetstar.com), CC BY-SA 2.0 via Wikimedia Commons