Bien plus qu’une seule approche destinée à réduire les coûts de conception et de fabrication, le Design to Cost relève d’une véritable philosophie d’entreprise. Qu’implique ce modèle de gestion de projet, quels sont ses avantages et ses facteurs clés de succès ?
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Qu’est-ce que le Design to Cost ?
Le Design to Cost (DTC), également appelé Conception à Coût Objectif (CCO) en français, consiste à baser la conception d’un produit sur l’optimisation de son coût de fabrication, tout en respectant les exigences de performances techniques attendues par le client.
Avec cette approche, lors d’un projet de lancement d’un produit ou nouvelle version de produit, la contrainte de coût sera prise en compte dès les premières étapes de réflexion.
Historiquement, la Conception à Coût Objectif a été initiée par le secteur automobile, qui a depuis longtemps la particularité d’être très contraint économiquement. Il s’agit en effet d’un bien de consommation grand public : chaque centime compte, afin d’obtenir au final un prix de voiture concurrentiel.
À grande échelle, un siège à 100€ n’est pas la même chose qu’un siège à 100,50€ : c’est dans ce contexte que la démarche DTC est utilisée par le secteur automobile comme une méthode de gestion de projet.
Les avantages de la Conception à Coût Objectif
S’il est tentant de réduire la CCO à la “simple” réduction des coûts, elle apporte plusieurs atouts :
- Évolution/transformation de la culture de l’entreprise : rappelons-le, passer à une approche Design to Cost implique d’adopter une philosophie de travail et de réflexion à intégrer progressivement dans l’ADN de la société.
- Augmentation de la capacité à innover et créer : les contraintes de coût ont tendance à fortement booster la créativité, car cela implique souvent de devoir changer de logique. Il faut en effet innover pour trouver des solutions à la fois performantes et répondant aux contraintes de coûts, là où une approche “traditionnelle” peut avoir tendance à ne pas chercher au-delà de ce qui lui est demandé, à savoir concevoir une pièce qui réponde à X ou Y fonctionnalité.
Au final, adopter une démarche DTC pour répondre aux besoins du client (ou en interne, selon les entreprises) va aussi augmenter la compétitivité et la valeur ajoutée des concepteurs sur de nombreux projets.
Quelques principes d’une mise en place réussie de la démarche Design to Cost
- Bien appréhender le besoin client
La CCO implique de très bien comprendre ce qu’attend le client, tant en matière de fonctionnalités et performances que de coûts. Mais ce n’est pas tout : une connaissance des prix du marché est aussi importante, ainsi que de toutes les technologies de fabrication disponibles.
Comprendre et respecter le besoin client, c’est aussi être capable de l’aider à formuler et formaliser ses attentes, ce qui va permettre de réduire rationnellement les spécifications au minimum nécessaire (tout en respectant l’environnement réglementaire).
- Décloisonner l’entreprise
Le Design to Cost ne peut pas fonctionner si toutes les fonctions ne sont pas mobilisées autour du projet, ou si elles ne communiquent pas entre elles. Le “juste nécessaire” au coût attendu ne concerne pas que la direction, les ingénieurs ou le service achat. C’est un effort de réflexion collective.
- Mettre en place un processus d’estimation régulière des coûts
Intégrer le DTC à la conception, c’est aussi avoir un système en place pour évaluer régulièrement les coûts tout au long du projet, afin de pouvoir les comparer avec la valeur de l’objectif initial. Ce processus permet de procéder aux réajustements nécessaires si besoin.
Il existe plusieurs manières d’implémenter le Design to Cost
Intégrer le DTC à la conception peut se faire de différentes façons, ce qui implique de se poser différentes questions en amont du projet, dès la phase CAO.
Prenons par exemple un volant composé de 15 pièces : peut-on obtenir la même fonction avec 12 pièces, pour gagner en temps et coût de montage ? Ou faut-il envisager un changement de matière ?
La CCO est aussi une question de choix de périmètre. On peut adopter une démarche d’optimisation du coût total pour l’utilisateur (Total Cost Owner, TCO), qui peut par exemple intégrer à la conception non seulement la prise en compte du coût de la pièce ou du produit, mais aussi ses coûts de maintenance, d’outillages ou de recyclage… voire l’estimation d’un prix de revente dans certains secteurs !
Il est aussi possible de penser l’optimisation des coûts au niveau des frais d’études et de développement : dans quel pays concevoir et faire les essais, faut-il réutiliser des briques existantes pour favoriser un développement plus simple…
Selon les cas, le Design to Cost va donc parfois se concentrer sur le prix de revient des pièces et, dans d’autres cas sur les coûts de conception, la production, la maintenance ou encore les différents jalons de la vie du produit final, jusqu’à son démantèlement parfois.
Un virage important dans la manière de concevoir
Dans tous les cas, il faut un vrai changement de culture pour passer à la conception à coût objectif. Connaître les technologies de fabrication voire en mettre de nouvelles au point, les différents types d’assemblage, les finitions et leur impact particulièrement sur le prix final… tout cela contribue à optimiser la conception pour respecter les coûts attendus.
Au final, le changement de paradigme est important : avant, les ingénieurs concevaient en fonction de contraintes techniques. Le passage à une gestion de projet sur le modèle du Design to Cost impose de nouvelles exigences : “vous devez réaliser une pièce à 4 euros”.
Cette démarche n’est pas universelle. Elle reste le choix d’une entreprise en fonction du marché plus ou moins concurrentiel dans lequel elle évolue (où ses clients évoluent).
Christophe
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