ITER est le plus grand projet mondial dédié à la fusion nucléaire, une énergie propre et quasi inépuisable. Installé à Cadarache, dans le Sud-Est de la France, il réunit 35 pays et mobilise des milliers de scientifiques et d’ingénieurs autour d’un objectif inédit: démontrer la faisabilité de la fusion comme source d’énergie.

Les avancées de 2025 marquent une nouvelle étape dans la construction de l’immense tokamak expérimental et confirment la dynamique de ce chantier hors norme.

Jalons techniques déjà atteints et étapes 2025

Parmi les étapes marquantes déjà franchies figure l’insertion du premier secteur de la chambre à vide, réalisée avec une précision millimétrique au printemps 2022. Cette enceinte monumentale, composée de neuf secteurs de plusieurs centaines de tonnes chacun, est le cœur où prendra forme le plasma.

En 2025, un jalon symbolique est atteint avec l’achèvement du solénoïde central,  un aimant supraconducteur de près de 1 000 tonnes et 18 mètres de haut, capable de générer un champ magnétique de 13 teslas. Ce solénoïde jouera un rôle essentiel dans le confinement et la stabilisation du plasma.

Ces avancées s’inscrivent dans un calendrier révisé : le premier plasma est désormais attendu à l’horizon 2034, suivi de la phase deutérium-tritium autour de 2039-2040. 

En février 2025, le tokamak WEST du CEA a battu un record mondial en maintenant un plasma pendant plus de 22 minutes. Cet exploit dépasse très largement les performances précédentes et démontre les progrès dans la maîtrise des plasmas sur de longues durées. Déjà en 2024, WEST avait établi un record de 6 minutes en mode haute performance, ce qui était venu valider les choix technologiques d’ITER, en particulier l’utilisation de parois en tungstène.

Au-delà de ces jalons techniques, ITER reste un projet colossal : son coût global est désormais estimé entre 20 et 25 milliards d’euros (contre 10 milliards lors de son lancement). L’Union européenne finance environ 45 % du projet, les autres partenaires se partageant le reste (États-Unis, Chine, Inde, Japon, Corée du Sud, Russie). Cette répartition reflète la dimension stratégique et géopolitique de la coopération internationale autour d’ITER.

Chauffer le plasma : trois méthodes complémentaires

Pour initier la fusion, le plasma devra être porté à environ 150 millions de degrés Celsius, soit près de dix fois la température au cœur du Soleil. 

Pour atteindre cette température extrême, trois méthodes de chauffage sont combinées :

  • Injection de neutres (NBI) : un faisceau d’atomes neutres est accéléré puis injecté dans le plasma. Transformés en particules chargées, ils transmettent leur énergie par collisions.
  • Chauffage cyclotronique ionique (ICRH) : des ondes radio à très haute fréquence excitent directement les ions.
  • Chauffage cyclotronique électronique (ECRH) : des micro-ondes interagissent avec les électrons, qui redistribuent ensuite leur énergie.

© ITERLe tokamak ITER combinera trois sources de chauffage externe pour porter le plasma à la température permettant la fusion : l’injection de neutres (à droite) et deux sources d’ondes électromagnétiques de haute fréquence—chauffage cyclotronique ionique et électronique (à gauche, en bleu et vert).”

Ces technologies de pointe sont essentielles pour amorcer et maintenir la réaction de fusion.

L’engagement d’Ametra sur ITER

Depuis plus de douze ans, Ametra met son expertise en ingénierie mécanique et systèmes complexes au service du projet. En 2025, nos équipes sont mobilisées sur plusieurs volets critiques :

  1. Antennes de chauffe du plasma

Nos collaborateurs travaillent sur deux des trois antennes principales, indispensables pour atteindre les 150 millions de degrés nécessaires :

  • L’antenne Electron Cyclotron (ECRH), basée sur l’interaction entre micro-ondes et électrons,
  • L’antenne Neutral Beam, qui injecte des faisceaux d’atomes neutres à très haute énergie. Nos ingénieurs conçoivent les composants mécaniques associés. Pour l’antenne Neutral Beam par exemple, Ametra participe au développement du « duct liner », de la rédaction des cahiers des charges aux visites fournisseurs.

« Nous entrons dans une nouvelle phase : après plusieurs années d’études, nous passons à la réalisation concrète. C’est une étape clé du cycle en V et la collaboration avec les fabricants étrangers se déroule de manière très fluide » Florian Luiggi, Responsable d’Agence au sein du groupe Ametra

  1. Claim management

L’un des experts Ametra est intégré sur le plateau ITER pour accompagner la gestion contractuelle et technique des dossiers complexes. Cette activité se révèle essentielle pour sécuriser le projet et fluidifier la coordination entre acteurs.

« Le claim management n’est pas une mission que nous exerçons fréquemment, mais ici, c’est indispensable. Cela permet de cadrer le projet et d’assurer la cohérence technique et financière entre les différents intervenants dans un environnement international »

  1. Soudage avec Westinghouse Electric Company

Les neuf secteurs de la chambre à vide doivent être soudés avec une extrême précision. Aux côtés de Westinghouse, en charge du soudage de l’enceinte à vide, Ametra conçoit les structures mécano-soudées et mécano-boulonnées permettant d’introduire et de positionner les robots de soudage, tout en garantissant la sécurité des opérateurs

© ITER 

Concevoir des structures capables de guider les robots dans un espace aussi contraint est un défi passionnant. Cela exige de la précision et une approche ingénierie très rigoureuse.

  1. Gestion des déchets irradiés avec CNIM/REEL

Nous avons également contribué à l’étude du CPRHS, un système de manutention sur rails permettant à un conteneur blindé de collecter les composants irradiés puis de les transférer vers la cellule chaude de retraitement.

Une ambition mondiale partagée

ITER n’est pas seulement un projet scientifique : il symbolise une coopération internationale sans précédent. Les 35 pays impliqués comprennent les 27 membres de l’Union européenne (via Euratom), le Royaume-Uni et la Suisse, ainsi que la Chine, l’Inde, le Japon, la Corée du Sud, la Russie et les États-Unis.

Pour Ametra, cette dimension internationale est un terrain d’expression privilégié. Nos équipes y mobilisent leur savoir-faire sur des systèmes critiques requérant précision, innovation et rigueur, dans un environnement de collaboration mondiale. 

Notre expérience antérieure sur le tokamak Tore Supra constitue également une base précieuse pour aborder les défis d’ITER, en particulier sur les systèmes de chauffage et la gestion des contraintes thermiques.

Chaque jalon franchi rapproche la communauté scientifique et industrielle de l’objectif ultime : produire dix fois plus d’énergie que celle injectée pour initier la réaction de fusion (Q ≥ 10). Une perspective qui, à terme, pourrait transformer durablement l’approvisionnement énergétique mondial.

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© ITER – image principale :