Encore à l’ancienne, le monde des métiers techniques ?
Rien n’est moins sûr. Traditionnellement occupés par des hommes, les postes d’ingénieurs, de docteurs ou de Directeur Général, pour ne citer qu’eux, sont aujourd’hui de plus en plus prisés des femmes.
Bien entendu, le tableau n’est pas encore idéal, mais les efforts en matière de visibilité des métiers techniques à l’école, d’entrée en école d’ingénierie ou encore de culture d’entreprise engagée impactent déjà positivement l’équilibre de représentation des genres dans des secteurs souvent classés masculins.
Au-delà de la théorie, comment les femmes qui rejoignent l’industrie ou l’ingénierie pensent-elles et vivent-elles leur parcours et leur place aujourd’hui ?
Nous avons échangé avec trois collaboratrices du groupe Ametra : Laurie, DG d’Ametra Intégration, Karima, Docteure au sein de la cellule R&D Ametra Research, et Kannika, Ingénieure Etudes.
Au-delà de leur parcours et expériences spécifiques, des thèmes communs reviennent.
Le monde change et l’industrie se transforme aussi
N’y a-t-il plus de misogynie dans les filières et entreprises techniques ? Quelques rares écarts persistent. Mais plus les années passent, plus ce type de comportement s’estompe.
Des changements générationnels se produisent peu à peu et, de l’école à l’entreprise (avec des managers notamment qui veulent et peuvent créer un cadre plus bienveillant), les femmes gagnent en visibilité et en place.
Comme Laurie le précise : “Je n’ai pas été freinée dans ma carrière parce que j’étais une femme. A mes débuts, j’ai évolué dans un monde très masculin où il a fallu que je m’impose, donc ça m’a aussi rendue dure dans mon évolution. A 23 ans quand j’ai commencé, une femme ne pouvait pas être ingénieur mécanique aux yeux de certaines personnes mysogines… mais s’il a été difficile de se faire respecter au début, c’est beaucoup moins dur aujourd’hui. Je suis d’ailleurs devenue DG en 12 ans de carrière.”
Le type de management et la culture d’entreprise jouent un rôle important
Au-delà d’évolutions générationnelles au sens large, l’évolution des managers et le développement de cultures d’entreprises dynamiques et plus inclusives font aussi une différence.
“Mes managers ont la petite quarantaine, et avaient moins de 40 ans au début de ma carrière. Cela étant dit, la culture d’entreprise joue aussi, mais cela va de pair avec le générationnel”. (Kannika)
Bien entendu, cela relève de choix forts de l’entreprise et implique qu’elle en ait fait une priorité. “J’évoluais dans un monde très masculin et macho. En rencontrant Anne-Charlotte (Fredenucci, Présidente du groupe Ametra ndlr), j’ai senti beaucoup d’humanité et tout l’inverse de ça. C’est ce qui m’a donné envie de venir. Ce qui était une faiblesse avant est aujourd’hui une force dans de nombreuses entreprises” (Laurie).
L’envie de faire un métier l’emporte sur le reste… à condition déjà de savoir que l’option existe
Nombreuses sont les jeunes filles et femmes à tout simplement ignorer le fait que ce type de voie est possible pour elles.
Les statistiques des écoles d’ingénierie montrent une vraie montée en puissance de la féminisation de ces profils.
Néanmoins, et elles sont plusieurs à le souligner : bien qu’il soit nécessaire de “commencer dès la sélection” et de repenser les orientations par défaut des femmes vers des filières considérées plus féminines, la course aux quotas ne doit pas l’emporter sur le haut niveau d’exigence, le sens du travail et le mérite.
Là encore, l’environnement compte aussi. Comme le précise Karima, originaire de Tunisie : “je pense qu’actuellement les femmes ont plus de confiance en elles. Avant, elles étaient orientées par défaut vers la médecine, la pharmacie ou la biologie, par société ou par culture. Maintenant, on a plus de liberté. Les parents ont aussi plus confiance. En Tunisie par exemple, les femmes sont très représentées dans les métiers de la technologie et de l’ingénierie. Dans les laboratoires où j’étais, nous étions une vingtaine de femmes” (Karima)
Plus tard dans le parcours de formation, d’autres initiatives peuvent être mises en place. Laurie est par exemple engagée auprès d’un Campus aéronautique qui met en relation entreprises et académiques, afin d’attirer plus de jeunes vers cette filière… sans verser non plus dans le “tout féminin” !
“ A l’échelle du collège, il faudrait peut être agir mais comment ? Cela étant dit, il ne faudrait pas tomber dans le travers de tout axer sur le féminin” (Kannika)
Confiance et persévérance font la différence
Cela peut sonner comme de la méthode Coué, mais ce n’est pas le cas.
Confiance en soi-même déjà, en passant outre ses propres croyances limitantes et inquiétudes face à une filière dont on estime, en grande partie à tort, qu’elle n’est pas forcément faite pour les femmes.
Également face aux autres, en cas de rencontres, d’échanges ou de styles de management “vieille école”, la confiance en soi et le fait de s’endurcir quand il le faut permettent de passer à l’étape suivante.
Cela ne signifie pas de devoir tout gérer seule : “J’ai une amie dans la défense qui a eu des problèmes avec un client. Elle est restée ferme et a fortement bénéficié du soutien de ses collègues aussi. ” (Kannika)
La prise de risque peut accélérer une carrière
S’expatrier pour un projet d’études, un stage ou travailler à l’étranger ? Passer un doctorat, faire le choix de partir au moment où d’autres font des enfants ?
Il n’y a pas de parcours type, bien sûr, mais ce type d’expériences peut fondamentalement accélérer une carrière.
Là encore, ce conseil vaut aussi bien pour les hommes que pour les femmes. Mais il vaut la peine d’être rappelé : “la réussite n’a pas de secret : c’est le fruit d’un travail et de concessions à certains moments de sa vie ; quand tous mes amis faisaient des bébés, je suis partie en expatriation aux Etats-Unis” (Laurie)
Les critères de réussite sont les mêmes pour tout le monde
Travail, rigueur et ouverture d’esprit sont nécessaires pour réussir dans les métiers techniques, que l’on soit un homme ou une femme.
La différence la plus notable est peut-être plus en amont, dans l’exposition (ou non) aux débouchés possibles, dans la présence d’un cadre familial qui encourage à suivre des études sans s’interroger sur le genre, et bien souvent dans un goût prononcé pour la science ou encore la mécanique dès l’enfance…
En conclusion
Les choses évoluent dans les filières techniques et l’on constate bien aujourd’hui la montée en puissance de la présence des femmes au sein des écoles d’ingénieurs, métiers spécialisés ou encore entreprises.
Casser les préjugés et dépoussiérer l‘image de l’industrie s’accompagnent d’actions fortes, mais aussi de changements d’état d’esprit et de la capacité à se concentrer sur ce qui fait le cœur de la réussite et de belles carrières des femmes qui se lancent : travail, rigueur, haut niveau d’exigence et persévérance.
« Pour une femme qui démontre professionnalisme et compétences, l’industrie est une autoroute, un formidable accélérateur de carrière : j’invite toutes les femmes que ce secteur attire mais qui hésitent à sauter le pas : rejoignez-nous ! Nous avons besoin de vous et nos métiers sont faits pour vous ! » – Anne-Charlotte Fredenucci, Présidente du groupe AMETRA
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