C’est l’un des sujets qui diverge le plus entre la France et l’Allemagne, à l’heure où la Commission Européenne doit décider si le nucléaire est une énergie verte : “Réunis à Bruxelles, les 21 et 22 octobre, les chefs d’Etat et de gouvernement européens ont pressé la Commission de décider, d’ici à la fin novembre, du sort qui serait réservé au nucléaire et au gaz dans la taxonomie, ce classement des activités économiques en fonction de leurs émissions de CO2 et de leurs conséquences sur l’environnement.” (source : Le Monde)
L’Allemagne doit sortir du nucléaire d’ici la fin de l’année prochaine. Mais comme le rappelle cet article, nos voisins doivent encore utiliser le charbon pour produire plus de 30% de son électricité. La France pour sa part s’en tient à une vision pragmatique visant à souligner que le nucléaire est une énergie décarbonée, fiable et abordable.
Au-delà des approches très différentes retenues par les deux pays, en quoi peut-on considérer que malgré des débats souvent tendus, le nucléaire puisse bel et bien être la meilleure énergie verte disponible aujourd’hui ?
Quelques arguments particulièrement forts appuient cette vision :
- L’énergie nucléaire est décarbonée et pollue bien moins l’atmosphère que d’autres sources d’énergie
Si l’on compare le bilan carbone des différentes sources d’électricité telles qu’analysées par le GIEC, le nucléaire rejette à peu près la même quantité médiane de CO2 par kWh que les énergies traditionnellement classées comme renouvelables (soit entre 10 et 50g / kWh, contre plus de 800 pour le charbon et près de 500 pour le gaz).
Dans la mesure où la réduction des émissions de gaz à effet de serre sont l’une des priorités en matière environnementale à travers le monde, le nucléaire se positionne comme l’une des meilleures énergies vertes pour y parvenir.
Cela ne signifie pas que ce type d’énergie ne pollue absolument pas, mais bien que son bilan carbone est remarquablement bon en comparaison des autres options disponibles.
- Ses rejets sont limités (et encadrés)
Les rejets des installations nucléaires sont de différentes natures : thermiques, radioactifs et chimiques. Le SFEN relève à cet égard plusieurs points qui soulignent leur impact maîtrisé sur l’environnement et la santé : “Dans la pratique, les rejets [radioactifs ndlr] des centrales sont très largement inférieurs aux seuils réglementaires (…)”. De plus, “Les études menées depuis plusieurs dizaines d’année en France montrent que les effets des rejets thermiques sur la flore et la faune sont négligeables et que l’équilibre de l’écosystème aquatique à proximité des centrales n’est pas modifié. “
- La question des déchets nucléaires n’est pas “toute noire ou toute blanche”
La question des déchets radioactifs est souvent pointée du doigt. Il est important de rappeler à cet égard que tous les modes de production d’électricité sont des producteurs importants de déchets.
Les combustibles fossiles produisent des gaz à effet de serre. Certes, l’idée d’enterrer des déchets nucléaires “solides” sur un site comme Bure peut faire peur, mais un déchet gazeux qui s’échappe librement dans l’atmosphère est loin, très loin d’être idéal tant pour la santé humaine que l’environnement.
- Les énergies renouvelables posent aussi des questions environnementales
Si des options comme les éoliennes et les panneaux solaires sont souvent présentées comme les moyens les plus verts de générer de l’énergie, elles n’en posent pas moins d’autres soucis environnementaux, comme le besoin de terres rares.
Jean-Marc Jancovici le soulignait déjà en 2002 : “les énergies renouvelables ne sont pas uniquement vertueuses, ne serait-ce que parce qu’elles requièrent souvent une très grande occupation des sols pour fournir des quantités significatives d’énergie. Par exemple, remplacer une centrale nucléaire par de l’hydroélectricité (renouvelable) impose de noyer une vallée (le potentiel de ce que l’on appelle les « micro-centrales » est très faible). Est-ce souhaitable ?”
Au final, le nucléaire reste, malgré tous les débats qui l’entourent, une source d’énergie verte performante. Si elle n’est pas parfaite, il est important de la comparer avec ses alternatives actuelles (fossiles, etc.) et celles considérées comme propres (photovoltaïque, éoliennes…) malgré leurs limitations.